Octobre 2018.
Je montais avec Alizée par le pal de Fer pour rejoindre Saint Hilaire à pied, un matin, pour un « plouf » aérien matinal. On marchait, on suait, on souriait, et on refaisait le monde. La fin de mon contrat de thèse arrivait rapidement. Quant à la rédaction de mon manuscrit, c’était une autre histoire. Alizée, elle aussi docteure, commençait à se réorienter vers les métiers de la montagne.
Que comptais-je faire après ma thèse ?
En voilà une question qu’elle est intéressante.
Une seule réponse me vient en tête… une idée ancrée, indestructible, et pourtant si laborieuse et ambitieuse.
En revanche, ma réponse aujourd’hui sera plus rêveuse et plus originale. Et pourquoi pas partir en expédition !
On divague… sans réelle destination et sans objectifs.
Mais l’idée me poursuit, grandissante et lumineuse, occultant de mes pensées toutes considérations scientifiques (qui m’auraient pourtant fait économiser quelques mois de thèse !).
Je craque.
Je me pose sur l’ordinateur, et je me met à chercher une destination incongrue, où il y aurait du caillou encore vierge, et une population novice dans le milieu, avec laquelle nous pourrions construire quelque chose.
Mon point de départ est les Balkans. Je cible une frontière épineuse que j’ai un jour vu en photo dans un magazine… sans résultats. Rien à faire, je ne retrouve pas la frontière en question. Mes idées errent en Asie, du côté du Khirguizstan que j’avais beaucoup apprécié quelques années auparavant… puis convergent vers la Russie. Un immense pays qui m’attire depuis plusieurs années, plutôt pour ses plaines blanches hivernales et sa culture nordique.
Quelques mots clés, une petite heure de procrastination, et je finis par tombé sur les fameuses colonnes… les « Lena’s Pillars ».
Fiou… quel démentiel secteur !!
Des piliers de 100 à 200m, d’une couleur extraordinaire, s’étendant à perte de vue, aux abords d’un magnifique fleuve… et surtout, aucune info sur la grimpabilité des structures. Ça, ça sent bon l’ouverture !!
Deux minutes plus tard, me voilà devant le site du Parc National et de l’UNESCO… tout les deux hébergent et protègent les somptueuses colonnes. Ah, ça, ça sent moins bon les autorisations … !
Qui ne tente rien, n’a rien… essayons de demander des infos aux locaux. On sera vite fixé.

2 semaines plus tard.
Je clique sur le bouton « envoyer ». Le mail, rédigé en anglais, est à destination de la Fédération de Montagne et d’Escalade de Yakoutie (grâce au contact que mes amis Russophones ont pu déniché sur le web Sibérien).
Je demande donc des informations sur la grimpabilité des colonnes, autant au niveau rocheux qu’au niveau légal, et je présente mon idée : aider au développement de l’escalade dans des régions un peu reculées et faire un film inter-culturel sur l’escalade et les rencontres humaines autour de ce sport.
Il fallut pas plus de quelques jours à un certain Alexander Spiridonov pour me répondre. Vice-président de la Fédération, ce cher Alexander est très enclin à nous recevoir, et trouve les idées du film et de la rencontre excellentes ! En revanche, il me met en garde sur la qualité du caillou des colonnes de la Lena, qui est extrêmement médiocre, et donc peu grimpé… il va falloir des « techniques alpines » d’après lui, que eux ne maîtrisent pas réellement.
Il faudra également demandé l’autorisation au Parc Naturel des Colonnes (nommé Parc de Lenskié Stolby), avec l’aide et le soutien de la Fédération d’Alexander.
Beaucoup de travail au programme, certes. Mais avec l’espoir de partir en Sibérie vivre une aventure extraordinaire, humaine et sportive, au delà des frontières du possible…

Début mai 2019.
Tout s’accélère.
Le FODACIM décide de soutenir notre projet de film sur les rives de la Lena. Le Comité Départemental de l’Isère de la Fédération Française des Clubs Alpins et de Montagnes (FFCAM) nous soutient également financièrement, et grâce à des lettres officielles de recommandations me permet de décrocher les autorisations officielles du directeur du Parc Naturel des Colonnes.
Alors que la persévérance et l’espoir commençait à doucement m’abandonner, me voilà de nouveau hyper motivé, prêt à en découdre ! Une seule idée en tête : grimper en Sibérie en août !!!
Fin juin 2019 / Début juillet 2019.
C’est le moment de vérité.
Il faut faire les demandes de VISAs. Les Yakoutes, toujours à fond, nous attendent avec confiance.
Ici, en France, c’est plus complexe… l’équipe est pleine d’incertitudes (logistiques, financières, dynamiques…). C’est une période difficile : chacun doit choisir, doit payer son VISA et son billet. Rien n’est calé, c’est le plaisir délicat de toute grosse expédition… Rien n’est calé, et tout prend beaucoup de temps, et il y a des constantes logistiques et financières que l’on ne maîtrise pas. Il faut l’accepter, et avancer dans cette situation.
L’équipe est au final légèrement modifiée..
On renonce au financement participatif.
On croise les doigts, on s’investit, on communique… on y croit.
Virgile, grimpeur des Equipes Jeunes Alpis, et Clément, ami photographe, remplacent Océane et Aphélie, qui voguent doucement vers d’autres très beaux projets estivaux.

Photo : Clément Belleudy
10 juillet 2019.
Les billets d’avion sont pris, les demandes de VISAs sont en cours de traitement. Tout se met en place.
Et hop … retournement de situation !
Un appel de Nicolas. Réactivité.
Espoir. Persévérance.
Puis l’appel de Solène.
C’est officiel : un désistement dans les lauréats des Bourses Expés 2019 nous permet d’être ré-haussé d’une place… nous voilà donc lauréat des Bourses Expés !
Nouvelle inespérée. Vitesse supérieure. Concentration.
Tout est rapidement ficelé, et les envoies de matériel gérés.


On déballe les cartons de matériel, avec des énormes sourires. On trie tout ça, et on se prépare à l’expédition…
Photos : Clément Belleudy
Merci à #Beal #KatadynGroup #Petzl #Ferrino #VerticalMountain #slack.fr #boursesexpe2019
Hier. 30 juillet 2019.
Tout le matériel est reçu. Le blog est prêt. Je parle au présent, j’ignore l’avenir, et je tremble d’excitation.
Nous nous retrouvons une dernière fois avec Alizée et Théo, afin de les briefer pour la prise d’image, pour l’évènement à Elanka, et pour remplir leurs valises avec le matériel commun.
Et surtout… une séance photo et remerciements à l’ensemble des partenaires !! Ils nous ont tous comblés, comme si c’était Noël avant l’heure. Grâce à eux tous, on a tout le matériel nécessaire pour attaquer gaiement ces grandes colonnes de granites karstiques, pour ouvrir de beaux itinéraires que l’on compte bien topographier et partager avec nos amis locaux.
Comptez sur nous, on va faire plein de belles photos, plein de belles images, et on vous partagera nos récits au fur et à mesure de l’aventure (au mieux) !! 😀

porteur et narrateur du projet
Bravo à toute l’équipe !
Profitez bien on pense à vous depuis le Grésivaudan 😉
J’aimeJ’aime